Faut-il nécessairement avoir un diplôme pour travailler dans le numérique ?

Peut-on travailler dans le digital sans s’inscrire dans un parcours de formation ? Le diplôme en développement Web ou en Cyber-sécurité est-il réellement nécessaire pour pouvoir envisager une carrière réussie ? … Ces questions se posent de manière récurrente. Pour éclairer le débat et souligner l’importance accrue de la formation, l’Institut F2i vous invite à un survol rapide de la problématique. 

Obtenir un diplôme, une consécration pour assurer son avenir professionnel ? 

C’est une question récurrente aussi bien en ce qui concerne les métiers du Web que pour tous les autres secteurs d’activité. La question apparaît d’autant plus importante, lorsqu’elle concerne les étudiantes et les étudiants, qui doivent se prononcer sur leur projet professionnel, en commençant par le choix de leur orientation post-bac. Commençons par préciser, que nous regroupons ici l’ensemble des diplômes existants en France ainsi que les titres certifiés au Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP). Bien que des spécificités différencient diplôme d’Etat comme un BTS MCO (Management Commercial Opérationnel)  par exemple et titre RNCP, comme un mastère d’Expert Digital Marketing, les deux sanctionnent un cursus et sont censés attester d’un niveau de compétences et de connaissances. 

Pour les entreprises, ces diplômes représentent un véritable gage de crédibilité, dans la mesure où ils confirment que tel ou tel candidat dispose des ressources nécessaires pour occuper la mission, dont l’entreprise ressent le besoin. Il faut également souligner, que les actifs eux-mêmes partagent cette opinion vis-à-vis de l’enseignement supérieur. Un sondage de l’Institut Harris Interactive soulignait ainsi que plus de 3 Français sur 4 (76 %) considéraient le diplôme et donc le parcours de formation comme importants pour réussir dans la vie. 

69 % des actifs considèrent le diplôme comme nécessaire pour trouver un emploi 

On comprend mieux alors, que le parcours de formation choisi par les étudiants constituent donc un choix essentiel dans leur avenir professionnel. D’un autre côté, les actifs (et les entreprises) reconnaissent également que bien d’autres facteurs entrent en ligne de compte, que ce soit la personnalité (les Softs Skills pour les recruteurs), la situation géographique ou encore l’expérience professionnelle. 

Pourquoi le numérique reste un domaine où les diplômes peuvent apparaître comme sous-évalués ? 

Comme dans les autres secteurs d’activité, les métiers du Web impliquent, le plus souvent, de pouvoir attester de tel ou tel diplôme en fonction de la spécialité choisie. Dans ce domaine d’activité, les innovations sont nombreuses et de plus en plus rapides.  Un développeur Web en 2025 doit attester de compétences différentes par rapport à son aîné exerçant dans les années 2010. Et dans 5 ans, les innovations techniques et technologiques auront profondément changé le socle indispensable de connaissances à posséder. Dans les années 1970, le concept de l’obsolescence des compétences a été formulé pour définir l’insuffisance de savoirs ou de compétences nécessaires à un individu pour garantir sa performance professionnelle. A la fin des années 1980, cette obsolescence des compétences était évaluée à une trentaine d’années. En d’autres termes, un étudiant pouvait s’assurer de rester « compétent » avec le diplôme obtenu tout au long de sa carrière professionnelle. Au début des années 2020, cette obsolescence des compétences était estimée à moins de deux ans. Cela signifie, qu’un étudiant commençant aujourd’hui son parcours de formation devant le conduire à obtenir un Bachelor ou un mastère, verra ses compétences dévalorisées avant même d’avoir obtenu son diplôme. 

Cette accélération des innovations se ressent plus encore dans le secteur du Digital, renforçant le relativisme vis-à-vis des études supérieures. A quoi bon se former alors que la moitié des emplois de demain dans le secteur n’existe pas encore aujourd’hui ? Cette défiance vis-à-vis des formations supérieures dans le numérique se renforce d’un autre aspect souvent ignoré en évoquant le sujet. Souvent, les entreprises recherchent des profils aux compétences spécifiques, mais également des profils dotés d’une grande créativité (pour imaginer les solutions de demain) et d’une flexibilité et adaptabilité optimales. Or, on reproche souvent aux études supérieures de brider cette créativité, ces qualités personnelles en privilégiant des schémas préétablis, des règles d’usage, des normes. 

Quel profil pour réussir une carrière dans le Digital ? 

D’un côté, les diplômes restent donc indispensables pour attester d’un certain niveau de compétences. De l’autre, ils sont incapables de lutter efficacement contre l’obsolescence des compétences et pourraient nuire à la créativité. Dans ces conditions, faut-il étudier pour faire carrière dans le numérique ? La question peut légitimement se poser, d’autant plus que dans ce secteur, les exemples de Geeks, ayant réussi en se formant seul dans leur garage, sont nombreux. Pour autant, certains éléments tendent à inverser cette perception et à donner plus de poids aux diplômes de l’enseignement supérieur. 

Les études supérieures, un socle insuffisant mais indispensable 

Pour commencer, revenons sur la place des diplômes face à cette obsolescence des compétences évoquées ci-dessus. Certes obtenir un diplôme ou un titre RNCP ne garantit pas d’être au top des connaissances dans 2, 5 ou 10 ans. Cela nécessitera, de la part de l’étudiant et de l’actif, une auto-formation permanente. En revanche, se former pour acquérir les compétences et les connaissances les plus récentes nécessite de disposer des fondements nécessaires et donc d’un niveau de connaissances suffisant. Ainsi dans le domaine général de l’informatique, le responsable de la Cyber sécurité devra pouvoir attester d’un socle solide pour pouvoir s’adapter aux nouvelles technologies. Le diplôme représente alors le meilleur moyen pour garantir une adaptabilité optimale. 

Le diplôme ou le titre RNCP, des connaissances mais aussi une vision globale 

D’un autre côté, le parcours de formation de l’étudiant doit également lui permettre d’appréhender son écosystème, ici celui du Digital. Il ne s’agit pas seulement d’accumuler des connaissances mais de bien comprendre la place et le rôle de chaque intervenant. Dans les métiers du Web, un développeur ne pourra pas ignorer les exigences et les besoins du designer UX ni même ceux de l’Expert en Webmarketing.  S’engager dans un cursus assure non seulement d’acquérir cette vision globale mais également de se familiariser aux changements induits par la transformation digitale des entreprises. De nouvelles organisations se sont déployées au sein des acteurs économiques, des organisations moins verticales. De nouvelles méthodes de travail ont émergé, comme le travail en mode projet, réunissant tous les acteurs autour d’un même objectif. Obtenir un diplôme représente alors un gage d’efficacité et d’efficience, et ce indépendamment de la spécialité choisie. 

Le diplôme, une possibilité de cumuler connaissances et expérience 

Enfin, on reproche souvent aux jeunes diplômes de manquer d’expérience. La situation est cependant en train d’évoluer, au gré de la montée en puissance des études en alternance. En effet, de plus en plus d’étudiants choisissent de signer un contrat d’alternance pour aller au bout de leur cursus. Cela leur assure donc de cumuler l’acquisition de compétences et de connaissances indispensables à l’exercice de leur futur métier, et celle d’une expérience professionnelle leur ouvrant la réalité du quotidien de l’entreprise. Étudier en alternance représente alors un atout pour une opérationnalité optimale. 

Il ressort donc de ce rapide survol de la problématique, qu’obtenir un diplôme ou un titre RNCP dans le numérique se révèle essentiel voire indispensable pour réussir sa carrière professionnelle. Une étude du ministère de l’enseignement supérieur le confirme puisqu’en 2023, le taux de chômage des étudiants (supérieur à un niveau BAC +2) n’étaient que de 5.3 % alors qu’il s’établissait à 14.4 % pour ceux, qui n’avaient pas de diplôme. Ce dernier reste aujourd’hui encore un sésame pour renforcer son parcours professionnel.